Maritza Pareja.

Maritza Pareja est une péruvienne qui vit en France depuis vingt ans. Diplômée de Médecine Obstétrique de l’Université de San Marcos à Lima, au Pérou, elle a décidé de changer de vie et se consacrer aux médias écrits. « Je viens d’une famille traditionnelle où il fallait être médecin ou avocat pour réussir. Mais, personnellement, j’ai toujours voulu étudier le journalisme. Mes parents ont immigré en Italie et puis j’ai décidé de venir en France », dit M. Pareja, rédactrice du magazine Latinoamérica al día.

En 1999, elle s’est réunie avec un groupe d’amis des différents pays de l’Amérique latine et, avec Denis Baeza, un français qui deviendra son époux, ils ont donné forme à leur idée de magazine. Comme tous les débuts, il n’a pas été facile pour ce groupe d’amis d’élaborer une publication dans un pays où les gens ne parlaient pas leur langue, même avec l’aide de Denis, le seul français de l’équipe. À la fin des années 90, ils étaient tous jeunes, avec des envies de faire connaître ce qui se passait dans leurs pays et surtout les conflits économiques et politiques dans cet autre continent. « Nous avions besoin de parler et d’analyser la situation de nos pays. À cette époque, Internet n’était pas encore un moyen pour s’informer, donc, nous devions amener l’information des pays latino-américains pour la publier en France », raconte Maritza.

Imprimé sur un papier de qualité moyenne et avec des images en noir et blanc, Latinoamérica al día a réussi à être, avec le temps, une publication mensuelle en couleur tirée à 20.000 exemplaires et distribuée gratuitement dans différents points à Paris. Les publics visés sont les hispanophones qui habitent cette ville ou les Français qui parlent espagnol puisque le magazine est rédigé dans cette langue. D. Baeza assure qu’ils ont essayé de publier une édition en français. Cependant, cela n’a pas été facile car l’équipe de travail est en majorité hispanophone.

Le but principal de la publication est d’informer le lecteur de l’actualité de l’Amérique du Sud ainsi que des nouvelles qui font la une en France. Le langage utilisé est facile à comprendre, léger et avec une variété dans le contenu. Cette manière de traiter l’information l’est peut-être pour des raisons socio-politiques : si nous comparons les intérêts d’une proportion importante de l’immigration latino-américaine d’aujourd’hui en France avec les intérêts de ceux qui sont arrivés en Europe dans les années soixante et soixante-dix, nous pouvons voir qu’il y a quelques différences.

"Le public de "Latinoamérica al día" n’est pas composé de gens qui cherchent de la profondeur dans l’information mais de personnes qui cherchent à conserver leurs racines."

Dans les années 60-70, l’Europe a reçu un grand nombre d’immigrants des pays où il y avait des dictatures militaires. Des intellectuels et des exilés de pays comme l’Argentine et le Chili sont arrivés en France avec l’idée de retourner un jour dans leur terre natale. Néanmoins, beaucoup ont décidé de rester. En revanche, dans les années 80-90, l’immigration latino-américaine en France s’est élargie et des expatriés de pays comme le Pérou, la Bolivie et la Colombie sont arrivés sur le territoire français en qualité de réfugiés politiques ou pour des raisons économiques. Selon M. Pareja, qui se considère comme une « fille de l’immigration », parmi cette vague d’immigrants un grand nombre est arrivé ici dans une situation économique précaire. Ils font partie d’une génération que ne pensent qu’à travailler pour survivre et pour envoyer de l’argent à leurs familles qui sont restées dans leurs pays. « Pour cette raison, leurs intérêts sont différents. La plupart d’entre eux aiment le magazine car ils peuvent le lire en espagnol. Les enfants de ces immigrés s’intéressent peut-être un peu plus à l’analyse de l’information, mais leurs parents s’y intéressent moins », dit M. Pareja.

Après avoir ciblé mieux son public, le couple franco-péruvien a déterminé le style du magazine : des petites rubriques avec des textes courts, des analyses allant à l’essentiel et un espace pour parler des événements de la communauté, du sport et aussi des pages dédiées aux photos « people ». Le couple affirme que son public n’est pas composé de gens qui cherchent de la profondeur dans l’information mais de personnes qui cherchent à conserver leurs racines.

La communauté latino-américaine en France est grande et M. Pareja est témoin de cette croissance en faisant partie de ce groupe mais aussi en répondant à ses besoins. Pour ce faire, le magazine organise depuis 2002 le « Mundialito », championnat de football organisé au stade Maryse Hilsz à la Porte de Montreuil où plus de 350 personnes se sont déjà réunies pour jouer en équipes. M. Pareja croit fortement au processus d’intégration des immigrants à partir du sport et aussi de la musique, la gastronomie et tout ce qui peut représenter l’Amérique latine durant cet événement que, de plus, les Français et les gens de toutes les nationalités peuvent apprécier.

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