L’année croisée France-Colombie constitue une initiative diplomatique exceptionnelle. Elle est le fruit d’échanges entre les présidents colombien et français, Juan Manuel Santos et François Hollande, qui se sont rencontrés à diverses reprises et se sont retrouvés à Bogotá cette semaine. Elle s’inscrit dans un contexte de coopération intensive entre les deux pays, notamment sur le plan universitaire et culturel, et qui sera encore renforcée.

Coordonnée, en France, par l’Institut Français et le Ministère des affaires étrangères français, et en Colombie par les Ministères de la culture et de l’éducation notamment, l’année croisée s’appuie sur près de 400 projets ou évènements lancés par une multitude d’entreprises, universités et associations, des deux côtés de l’atlantique. L’objectif premier étant d’intensifier et diversifier les domaines d’échange et de coopération. Par ailleurs, c’est l’occasion idéale de mieux faire connaître la Colombie et son offre culturelle. Les colombiens ont beaucoup à offrir au monde sur ce plan : Gabriel García Márquez, Álvaro Mutis, Héctor Abad Faciolince et bien d’autres écrivains colombiens en témoignent.

Représentation de la Fête des lumières de Lyon sur la place Bolivar à Bogotá. 20 décembre 2016.

Représentation de la Fête des lumières de Lyon sur la place Bolivar à Bogotá. 20 décembre 2016.

L’année croisée sera partagée en deux. Tout d’abord, du 16 décembre 2016 au 14 juillet 2017, la France est au centre de la programmation culturelle en Colombie. En effet, elle est l’invitée d’honneur de la Foire Internationale du Livre de Bogotá (FILBO), l’un des plus importants salons du livre en Amérique latine. Elle est aussi l’invitée spéciale de plusieurs manifestations artistiques de grande ampleur : Festival de Musique de Carthagène, Biennale Photographique de Bogotá, Festival de l’Image de Manizales (art numérique), parmi d’autres. Puis, de juin à décembre 2017, se dérouleront les célébrations autour de la Colombie en France. Si le programme n’est pas encore complet, plusieurs activités sont d’ores et déjà prévues comme les Rencontres interuniversitaires franco-colombiennes à Lyon, et des colloques sur des sujets d’actualité divers: sortie de la violence, le dialogue citoyen, les femmes et la science ou la ville durable. Sur le plan éducatif, la mobilité étudiante bilatérale sera encouragée, avec diverses bourses et programmes de coopération universitaire. Aujourd’hui les étudiants de Colombie représentent la deuxième communauté estudiantine latino-américaine en France.

Cette année croisée revêt donc des enjeux majeurs sur le plan politique, social, économique et culturel, pour les peuples français et colombien, notamment pour leurs institutions et leurs entreprises, mais aussi pour leurs artistes au-delà des célébrités.

« Les amis de la Colombie, qui ont partagé les espoirs, et les désillusions parfois, d’un processus de paix encore fragile, ne peuvent donc que se réjouir de voir le peuple colombien et ses cultures à l’honneur sur la scène politique et culturelle française et européenne. »

Mais le défi essentiel pour la Colombie se situe sans doute sur le plan diplomatique. L’année France-Colombie coïncide avec les premiers pas du pays sud-américain sur le chemin de la paix, après la signature des accords de paix, le 24 novembre 2016, entre le Gouvernement et les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC), la guérilla la plus ancienne de ce pays. Or, la Colombie doit reconstruire sa place dans le monde en modifiant l’image encore parfois négative dont elle souffre. Certes, la guerre a fait des ravages sociaux majeurs. Et aujourd’hui encore nombre de problèmes demeurent irrésolus, pour une majorité de la population qui, malgré l’essor économique du pays, souffre d’une grande pauvreté dans les campagnes.

Les présidents François Hollande et Juan Manuel Santos à Bogotá. 23 janvier 2017.

Les présidents François Hollande et Juan Manuel Santos à Bogotá. 23 janvier 2017.

L’un des slogans développés par la présidence Santos depuis 2010 pour attirer l’investissement étranger et relancer le tourisme était : « la Colombie : le seul risque est de vouloir y rester ! » ; et le pays a certes vu son potentiel touristique s’accroître. Il n’en reste pas moins que le post-conflit et la reconstruction socioéconomique impliquent un soutien accru de la communauté internationale. Les amis de la Colombie, qui ont partagé les espoirs, et les désillusions parfois, d’un processus de paix encore fragile, ne peuvent donc que se réjouir de voir le peuple colombien et ses cultures à l’honneur sur la scène politique et culturelle française et européenne. En espérant que les partenariats qui résulteront de l’année croisée contribuent à rendre la paix incontournable et à la renforcer.

Enfin, sur le plan humain, c’est aussi l’opportunité, pour les Français vivant en Colombie et les Colombiens en France, de voir leurs deux pays d’attache se rapprocher et tisser des liens plus étroits. Pour les Colombiens, déjà plus libres de voyager en France depuis la suppression du visa Schengen à leur égard, cette coopération renforcée permettra de traverser l’océan plus facilement et l’amitié franco-colombienne en sortira consolidée.

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