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Éléonore est née à Tarbes au sud de la France. Sa mère est bretonne et son père, paisa (originaire de Medellín, en Colombie). Voilà un beau mélange de cultures qui influencera sa vie et plus tard ses compositions. Passionnée de musique très tôt, Éléonore commence à jouer du piano à 8 ans, même si son premier coup de foudre fut la contrebasse… le choix a été une question de taille ! Sa formation classique au conservatoire jusqu’à l’âge 16 ans lui donnera une approche musicale très rigoureuse. Néanmoins, grâce à son père, Éléonore visite sa famille paternelle en Colombie quasiment tous les ans et découvre une vision de la musique très différente, à laquelle elle s’attachera peu à peu.

“À Medellín, il y avait beaucoup de cousines de ma grand-mère qui jouaient du tiple, sorte de petite guitare. Il y avait une culture de la musique dans la famille. On jouait des chansons locales, des bambucos, des boléros, des tangos…Quand j’étais petite, on était autour de la table, il y avait deux ou trois guitares, des gens qui chantaient, l’aguardiente sur la table, c’était des choses que je n’avais jamais vues au conservatoire, où chacun bossait dans son coin. C’était l’inverse de ce que je pouvais vivre dans le monde de la musique en France.”

Cependant, la jeune musicienne se rend compte pendant son adolescence qu’elle est en train de perdre sa passion pour la musique. Le carcan du conservatoire lui donnait le sentiment de ne plus « rentrer dans le moule ». Elle arrête le conservatoire pour explorer de nouveaux horizons, se ressourcer et briser les limites imposées par sa formation classique au conservatoire.

Le passage par le jazz, le rock psychédélique et la musique latino-américaine a métamorphosé sa conception de la musique et lui a redonné l’envie de jouer. Cependant, cette fois-ci, ce n’est pas le piano, mais la contrebasse… Enfin ! Ses compositions sont d’ores et déjà accompagnées de textes en espagnol. Sur ce dernier choix, Éléonore s’explique :

“Le premier déclic, c’est quand j’ai commencé à faire ma première composition sur un texte d’Octavio Paz. À ce moment-là, je me suis dit « c’est la langue espagnole qui me va ». Petit à petit, j’ai commencé à écrire en espagnol. C’est aussi parce que les premiers morceaux que j’ai appris étaient en espagnol, mon école était en espagnol, tout était en espagnol, et donc, forcément, c’était plus facile à chanter pour moi.”

Éléonore fait partie d’une génération multiculturelle qui a su briser le mur entre les genres. Un croisement entre l’électro-pop française et les sonorités des Caraïbes hispanophones. Derrière un travail de composition de quasiment 3 ans se cachent d’importantes influences : Pink Floyd, Oscar de Leon, Björk, Omara Portuondo, Juancho Valencia, Maité Hontelé.

ËDA raconte que son projet est « un pont entre deux cultures qui ont des choses en commun, comme la poésie, la beauté des paysages… c’est reconstituer un monde dans lequel je me sens bien, où je marie les deux cultures. Je m’identifie à toute une génération qui est aussi citoyenne du monde, On n’est plus des migrants, mais des descendants de migrants.”

La réalisation de son premier EP a été le fruit de rencontres de haut niveau. En Colombie, la collaboration avec Jairo Andrade de Banda la República, dans le cadre du Jam Latino 2013 à Medellín, lui ont permis notamment de faire connaissance avec des personnalités respectées sur la scène musicale colombienne : Juancho Valencia (Puerto Candelaria), Maité Hontelé et Jacobo Velez (Mojarra Eléctrica et Mambanegra).

En France, Anthony Winzenrieth (3somesisters) devient son acolyte. Il l’aide à expérimenter et apporte une touche particulière, celle de la scène pop parisienne. De cette collaboration naît le projet ËDA. « Anthony a créé le projet avec moi », assure Éléonore.

 « Ça (l’inspiration) peut venir d’un texte, de quelque chose que j’ai en tête, d’un rythme (les rythmes traditionnels colombiens ou latino-américains m’inspirent beaucoup). Par exemple, la chanson « Manicomio », ça vient du rythme du fandango et ce sont Alé Kumá et Etelvina Maldonado qui m’ont inspirée. Ce rythme, je l’ai trouvé absolument incroyable et je me suis dit que j’allais le reprendre dans quelque chose d’électronique. On va voir ce qu’il en ressort. C’est là-dessus que j’essaie de jouer.”

ËDA symbolise aussi une nouvelle époque dans la musique latina, dans laquelle une femme chanteuse et principalement instrumentiste peut être leader d’un groupe. Éléonore ouvre une nouvelle brèche pour les femmes en Amérique latine où la musique continue d’être un milieu dominé majoritairement par des hommes.

« Aujourd’hui, il y a une génération qui met la femme plus en avant parce qu’elle apporte une vision différente de la musique. Ce qui est aussi important c’est le fait de mettre la femme non chanteuse sur le devant de la scène, comme Maité Hontelé, qui est trompettiste. Avant, c’était le cas des chanteuses, mais pas forcément des musiciennes. C’est cela qui est en train de changer : des femmes musiciennes peuvent être des figures importantes de la musique, alors qu’à la base c’était les hommes. »

ËDA nous a donné son équivalent latino-américain :

Edith Piaf = Célia Cruz
Jean-Jacques Goldman = Silvio Rodríguez
Johnny Hallyday = Litto Nebbia
Daft Punk = Dengue Dengue Dengue, Mitu
NTM = Calle 13
Albert Camus = Gabriel García Márquez
Zizou = El pibe Valderrama
Paris/Marseille = Bogotá/Medellín
La Côte d’Azur = Cartagena
Le French Kiss = El perreo
La French touch = La elegancia tropical

Plus d'infos

https://song.link/eda

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