Hernán Cayetano

Se prêter, le temps d’un festival, des artistes entre les deux continents est l’objectif d’Arty Farty. En venant en Colombie, l’organisation cherche à nouer des relations dans le but, ensuite, de « recevoir des artistes locaux qui peuvent enrichir la scène française » informe Guillaume Duchêne, en charge des relations presse des Nuits Sonores. L’année dernière, dans le cadre de l’année France-Colombie, le club d’électro lyonnais Le Sucre a reçu les trois énergétiques artistes colombiens Ghetto Kumbé, MITÚ et El Leopardo.

Ne voulant pas se focaliser sur la musique électronique européenne, le festival Nuits Sonores manifeste un grand intérêt pour la techno colombienne. « Ce qui est intéressant ici, c’est la relation entre musique électronique et musique traditionnelle colombienne, ce qui apporte un nouveau courant dans la musique électro » raconte Gaëtan Bouvachon, en charge de la programmation.

Hernán Cayetano

Hernán Cayetano

L’accueil du public colombien a été tel que les organisateurs souhaitent pérenniser cette relation. « Le public en Colombie est plus à fond que celui en Europe, sûrement parce qu’il y a moins de structures ici, de fait, il y a une grosse attente du public » lance l’un des membres d’Arty Farty. Pour l’inauguration de cette seconde édition, au Teatro Mayor, 500 personnes ont fait le déplacement. Certains ont dû faire 1h30 de route, en milieu de semaine : « en France il n’y aurait jamais eu ça » rapporte Guillaume Duchêne.

L’électro est en plein essor en Colombie. En créant le Baum, l’un des clubs électro les plus réputés d’Amérique latine, Hernán Cayetano contribue au développement du genre en Colombie, notamment par le biais de festivals qu’il développe depuis 2015 : Baum Festival, BreakFest à Medellín ou encore dans le célèbre désert Tatacoa. Julio Victoria est aussi l’un des acteurs majeurs de la scène électro dans le pays. Débutant dans les premiers clubs électro de la capitale comme Radio Berlin, Billares Londres ou encore le Baum, il développe aujourd’hui le projet Julio Victoria Live mélangeant électro et instrumental. Les deux artistes ont accepté de se confier à Alterlatine. Rencontres.

Julio Victoria

Julio Victoria

Que faisiez-vous avant de devenir DJ ?

Hernán Cayetano : Je travaillais comme architecte d’intérieur. En 2011, j’ai commencé à mixer dans des discothèques comme le Salón Continental. Puis, en 2013, j’ai créé le club Baum à Bogotá avec un groupe d’amis. Depuis trois ans maintenant, nous sommes présents dans les festivals.

Julio Victoria : J’étais joueur de tennis professionnel ce qui m’a permis de beaucoup voyager, en Colombie, aux Etats-Unis et en Europe.

Comment êtes-vous entré dans le monde de la techno ?

H.C. : Depuis toujours, j’adore ça. J’ai ensuite travaillé en tant que bartender à Berlin qui est une ville extrêmement réputée dans le milieu. C’est à ce moment là qu’est née mon envie d’ouvrir une discothèque. L’idée n’est pas de faire un club chic comme en Europe, mais plutôt industriel, sans service de table par exemple.

J.V. : Je me suis rendu en Allemagne un été pour jouer au tennis et dans le sud du pays, j’ai découvert une boutique de vinyle incroyable, Plattentasche où j’ai rencontré des personnes qui m’ont permis d’écouter de la musique plus spécialisée. Dès mon retour en Colombie, j’ai commencé à collectionner les vinyles puis je me suis mis à jouer tout seul. J’ai pu jouer dans divers clubs d’électro comme Radio Berlin, Billares Londres et Baum, tous à Bogotá. Après, j’ai commencé à être invité dans d’autres fêtes en dehors de la ville.

Hernán Cayetano

Hernán Cayetano

L’Amérique Latine écoute majoritairement de la musique latino, alors comment attirer les Colombiens avec de l’électro ?

H.C. : Il y a 10-15 ans, la techno avait atteint son pic en Colombie, depuis, elle n’a fait que régresser. La musique latino et le reggaeton sont les genres musicaux les plus répandus et appréciés ici, mais les Colombiens s’en lassent. Dès qu’on a ouvert le club, la techno est redevenue tendance, avec un public très curieux. Je pense que c’était le moment parfait pour saisir cette opportunité.

J.V. : La musique latino, c’est culturel en Colombie et plus largement en Amérique latine, mais je pense que les gens sont heureux d’écouter autre chose et l’électro en fait partie. La Colombie est en train de se développer, des festivals sont désormais reconnus dans le pays. Du coup, beaucoup d’artistes viennent et ça plaît au public.

La Colombie commence à avoir son propre style, elle aussi. Le collectif Bogotrax a été créé dans ce pays par exemple.

Quelles sont les influences de la techno colombienne ?

H.C. : Bien sûr, vu que la techno est née en Europe, la nôtre s’en inspire et a conquis notre territoire. Par exemple maintenant, quand Amelie Lens a commencé à se faire connaître, elle a aussi séduit le public colombien. Mais il y a aussi des tendances propres à notre pays, c’est-à-dire des artistes qui n’arrivent pas à lancer leurs carrières en Europe, comme Marc Houle par exemple, mais qui est très bien reçu en Amérique latine. Ça varie selon le pays.

Julio Victoria

Julio Victoria

J.V. : On peut penser que tout vient d’Europe comme ça fait plus longtemps que l’électro existe là-bas, on n’est pas les pionniers de cette musique, mais la Colombie commence à avoir son propre style, elle aussi. Le collectif Bogotrax a été créé en Colombie par exemple.

Vous avez participé aux Nuits Sonores en Colombie. Que peut vous apporter la collaboration avec des DJ français ?

H.C. : Cela apporte quelque chose de frais aussi car on dit qu’il y a une horde de nouveaux artistes français qui sont excellents. C’est très bien parce que les Français ont toujours eu des initiatives intéressantes.

J.V. : C’est une grande opportunité de connaître et de recevoir d’autres propositions, ça permet d’apprendre de leur musique. Pour évoluer, quoi de mieux que d’être confronté à la scène française qui est reconnue au niveau mondial dans l’univers électro. C’est un échange constructif.

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