Depuis mon arrivée en Colombie en mai dernier, mon quotidien est rythmé par la musique latino. Passionnée d’électro, je ne suis pourtant pas en reste dans le pays : les artistes latinos rassemblent les deux dans un cocktail dont je raffole depuis plusieurs mois.

Un soir de semaine en parcourant Soundcloud et Youtube, je tombe sur Mula. Curieuse, je lance le titre « Nunca Paran »: un mix électro au début puis deux voix féminines latinos incroyables, mélancoliques, m’emballent. Le rythme s’accélère rappelant des sons latinos proches du merengue.

En quelques minutes, nous voilà dans Les Caraïbes. Très vite, les paroles m’absorbent : « Y te encanta ese baile que hipnotiza, te deslumbran las luces que te erizan, y esta noche te aturde la brisa » (Traduction : “Tu aimes cette danse qui t’hypnotise, elles t’éblouissent les lumières qui te hérissent et cette nuit la brise te confond”).

J’écoute leur album entièrement, je mets le titre « Juego de amor », et là, même coup de cœur. Je retrouve ces influences caribéennes avec bachata et des basses électro délicieuses. Je deviens rapidement accro. Il ne se passe pas un jour où « Nunca Paran » n’est pas diffusé dans mon appartement. Je décide de faire quelques recherches pour savoir qui se cache derrière cette musique tonique.

Crédit photo : Raúl Fernández

Crédit photo : Raúl Fernández

Anabel, Cristabel et Rachel, le trio électro-caribéen

Mula, c’est un trio féminin venant tout droit de République Dominicaine. Toutes les trois ont 27 ans. Parmi elles, on retrouve Rachel Rojas et les deux sœurs jumelles, Anabel et Cristabel Acevedo. Ces dernières avaient leur propre groupe « Las Acevedo », né en 2010 et inspiré par la musique de leur pays. Quant à Rachel, elle a combiné les études de la production de musique électronique et son passe-temps de DJ.

À ma plus grande surprise, je me rends compte que le groupe se produit prochainement à Bogotá, salle de l’Auditorio Lumière. Avec l’envie de faire découvrir cette pépite latino au public français, je contacte Mula pour une interview. On se donne rendez-vous le 19 juillet, jour de leur concert en Colombie. En attendant notre rencontre, je continue à me familiariser avec leur musique.

19 juillet, Jour J. On se retrouve à leur hôtel dans l’un des quartiers résidentiels du nord de Bogotá, Chicó Norte. Trois grands sourires me reçoivent. Rachel, Anabel et Cristabel me racontent leur parcours dans une ambiance agréable.

La lutte féminine dans un milieu musical assez masculin

C’est leur passion commune pour les musiques traditionnelles de République Dominicaine, qu’elles écoutaient petites, qui les réunit en 2014 à Santiago de los Caballeros, ville du nord du pays. L’arrivée de Rachel apporte les synthétiseurs et la batterie électrique : la darke wave et la synthpop se mélangent ainsi avec les sonorités dancehall d’Amérique centrale. « Pourtant au début, on buvait juste des bières, on jouait ensemble sans l’idée de faire un groupe » lance Rachel.

Un an plus tard, en 2015, elles écrivent un album et sont invitées dans plusieurs festivals: Bodega Island à New-York, AM-PM à Cuba, Sonar en Colombie, le Brésil, le Salvador, le Honduras, etc.

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Avancer en tant que femmes n’est pas toujours simple. Pour Cristabel « les producteurs sont parfois surpris de voir que notre manager est une femme ». La lutte féministe est d’ailleurs au cœur de leur musique. Le titre « 1959 » raconte la bataille d’une femme contre la dictature de Trujillo, au Pérou. Une révolte qui n’est pas vraiment au goût de sa famille.

Leur musique est aussi le résultat de plusieurs voyages : « Chaque fois qu’on se rend dans un pays, on crée une musique. On s’inspire beaucoup des sonorités que l’on découvre pendant les concerts des artistes locaux », ajoute Rachel. Un métissage que j’aurai l’occasion d’écouter le soir-même.

Mula débarque pour la troisième fois à Bogotá

À quelques minutes de leur entrée sur scène, on entre dans la salle de l’Auditorio Lumière, déjà pleine. Sur scène, débarquent les jumelles, Anabel et Cristabel. Toutes les deux portent la même veste rose et des lunettes carrées transparentes dans un style new wave, disco. Au milieu, derrière les platines, Rachel, en sweat gris, teste le son. Une fois prêtes, les basses électro vibrent rattrapées par les voix latinos des deux femmes. Le titre «Playa» inaugure la soirée.

La foule se laisse très vite emporter par les sons électro-caribéens de Mula. Les musiques s’enchaînent, l’énergie augmente. Aidé par un public réactif, le trio livre une prestation scénique incroyable en ce jeudi soir.

Je suis complètement emballée par les paroles, les sons tropicaux et les synthétiseurs électro. Autour de moi, les bras se lèvent, des duos se forment et dansent sans s’arrêter. Temps fort du concert avec « Nunca paran » mon titre favori : tout le monde fredonne les paroles et se lance dans une danse « hypnotisante » comme le veut la chanson.

Le concert touche à sa fin, déjà. Mula a réussi à nous faire voyager dans les Caraïbes, entre merengue, bachata et électro, sans voir le temps passer. Après sa troisième fois en Colombie, Mula poursuit sa route jusqu’à Quito en Équateur.

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