Acusada nous transporte en plein cœur du procès de Dolores Dreier. Cette étudiante est accusée du meurtre de sa meilleure amie d’enfance. L’histoire se déroule dans un climat pesant. Ce thriller aborde des thèmes très variés : médiatisation des affaires criminelles, rapport à l’intimité sur Internet, amitié fusionnelle et place des faits divers dans la société contemporaine.

Une soirée entre amis qui termine très mal

Une vision d’horreur. Au lendemain d’une soirée (très) arrosée organisée chez elle, Camila Nieves est retrouvée morte, sévèrement poignardée sur son canapé. Les soupçons se portent immédiatement sur « Dolo », sa meilleure amie d’enfance. Peu de temps avant sa mort, Camila avait fait circuler sur internet une sextape de Dolores avec un garçon.

Diffusée à son insu, la sextape se propage rapidement sur internet et devient virale. On peut clairement y entendre Dolores menacer son amie de mort si jamais la vidéo vient à fuiter. Elle devient alors la coupable idéale.

Dernière personne à quitter les lieux du crime, Dolores était-elle juste présente au mauvais endroit, au mauvais moment ? Ses parents, son cercle d’amis, la presse à scandale, les juges et l’opinion publique…chacun y va de son interprétation sans pour autant réussir à donner un sens à cette tragédie.

Une sensation d’enfermement mêlée d’incertitude

Alors, coupable ou non ? On ressort d’Acusada avec un profond sentiment de doute. Que s’est-il réellement passé après cette soirée ? Ces questions sont volontairement laissées en suspens. C’est un film qui se concentre sur des moments en marge du crime en tant que tel. Son réalisateur, Gonzalo Tobal, nous montre l’attente et la préparation avant le procès. On découvre aussi le poids d’évènements tout aussi médiatisés sur la famille des accusés.

Comment organiser sa défense dans une société de plus en plus exposée au regard extérieur ? Du langage à la gestuelle, l’avocat de Dolores passe tout au peigne fin. Tout est pensé en prenant en compte les caméras et le public. On découvre ainsi les ficelles de cette affaire criminelle qui termine par prendre des allures de spectacle.

« Acusada nait d’une observation sur notre manière d’appréhender les affaires criminelles à partir de différents médias », explique le réalisateur dans une interview pour Cineargentinos. Le film joue sur la tension entre la forte exposition médiatique et l’aspect plus intime de ces affaires pour les personnes qui les vivent.

Acusada nous emmène entre différents « tribunaux » à huis clos (la famille, le bureau de l’avocat et la salle de procès), pour finir par l’arène médiatique. « Dans l’image, le tournage et la musique, nous avons cherche à récréer le concept de bulle », souligne le réalisateur. Pari réussi. Que ce soit dans les plans, la musique ou la lumière, la production véhicule une sensation d’enfermement progressif.

Gonzalo Tobal.

Gonzalo Tobal.

Un pari osé

Gonzalo Tobal est un réalisateur argentin âgé de 38 ans. Il est connu pour avoir réalisé Villegas en 2012. Ce long métrage dramatique prend aussi l’amitié comme point de départ. Cependant, par rapport à ce premier film, Acusada, explore d’autres genres du cinéma, en allant chercher du coté du thriller.

Le pari de ce deuxième film est aussi dans le choix de l’actrice principale. L’interprète de Dolores n’est autre que Lali Espósito, qui est connue pour avoir joué dans plusieurs télénovelas argentines. Elle interprète ici un personnage profondément mystérieux et glaçant, qui sort de son répertoire habituel.

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