Los Guachimontones, zone archéologique située dans la commune de Teuchitlán à environ une heure de Guadalajara, Jalisco, septembre 2012.

Le grand départ

Tout a commencé en août 2012, quand je suis partie pour un échange universitaire d’un an dans la ville de Guadalajara alors que j’étudiais l’anthropologie à l’Université de Nanterre. À ce moment-là, j’avais 21 ans et je ne connaissais pas grand-chose au Mexique, ce vaste pays objet de tant de fantasmes en Occident. Mon choix s’était porté sur lui pour des raisons académiques plus que mystiques : j’étudiais l’anthropologie et je tenais absolument à partir en Amérique latine. De ce continent, je ne connaissais que la Colombie d’où vient ma mère et où vit une très grande partie de ma famille. Par confort, j’aurais pu choisir ce pays qui m’était déjà familier, où j’aurais été choyée par mes grands-parents, où tout m’était déjà donné. Mais je ne voulais pas seulement partir de France, je voulais m’imposer une autre contrainte : aller vers l’inconnu. M’étant donc renseignée sur les différentes options qui s’offraient à moi, le Mexique ressortait comme le pays le plus intéressant pour mes études.

Gabrielle Goubert à San Cristóbal de las Casas. Mirador San Cristobalito, Chiapas, octobre 2015.

Gabrielle Goubert à San Cristóbal de las Casas. Mirador San Cristobalito, Chiapas, octobre 2015.

Je garde de ma première année mexicaine un excellent souvenir. J’ai adoré Guadalajara qui est une ville où, à mon goût, il fait bon vivre : le climat y est agréable toute l’année, la nourriture y est délicieuse, les gens chaleureux (comme dans toutes les régions du Mexique que j’ai visitées), le coût de la vie abordable, etc. Ajoutez à cela tous les agréments de la vie d’étudiante en échange : la collocation avec des gens super – mexicain(e)s et étranger(e)s – les sorties, les fêtes, les voyages.

Mon goût pour cette vie pleine de découvertes et de libertés fut tel que, comme beaucoup d’étudiant(e)s globe-trotters à travers le monde, le retour à la terre natale fut douloureux. Si je n’avais pas connu un « choc culturel » à mon arrivée au Mexique – qui, par bien des aspects, me rappelait la Colombie – je connus une sensation semblable à mon retour en France et entrai dans une crise existentielle (plutôt comique et caricaturale quand j’y pense aujourd’hui) qui me faisait interroger le sens profond de mon retour en France et de mes objectifs scolaires.

Autel en hommage à Frida Kahlo, Université de Guadalajara, novembre 2012.

Autel en hommage à Frida Kahlo, Université de Guadalajara, novembre 2012.

Comment repartir pour le Mexique ?

Bien incapable de renoncer à mes ambitions académiques, je me suis lancée dans l’écriture de mon mémoire de master, m’en servant comme un moyen de rester liée au Mexique. J’ai décidé d’écrire sur ce pays, et en particulier sur sa langue, ce qui me permit de continuer à entretenir des liens avec lui, jusqu’au point d’y retourner pour mener mes recherches. Mon deuxième voyage à Guadalajara dura cinq mois (juillet-décembre 2014). Je ne retrouvai pas les enchantements de la première fois, mais je revis mes ami(es), connus de nouvelles personnes, et surtout, j’avais un peu l’impression de revenir à la maison.

"Travailler comme assistante de langue implique de s’adapter à un système éducatif différent, à des habitudes et des manières de faire différentes de celles que j’ai toujours connues, et cette adaptation peut difficilement se faire en sept mois".

Sitôt rentrée en France, je tombai sur les informations concernant les démarches à faire pour travailler comme assistante de français au Mexique. Je venais de rentrer à peine deux jours plus tôt, il me restait cinq mois pour boucler mon mémoire à peine commencé et auquel je m’étais jurée de me consacrer à 100%. Mais la tentation était trop grande : si j’étais sélectionnée, je partais avec un contrat de travail de sept mois, j’avais la possibilité de connaître une nouvelle région mexicaine, et j’avais un objectif clair après le master. J’ai donc postulé, en prenant soin de demander à être affectée ailleurs qu’à Guadalajara, et après de longs mois d’attentes je reçus la réponse : j’étais acceptée et l’on m’envoyait à San Cristóbal de las Casas dans le Chiapas. 

Mon expérience comme assistante de français

Mon contrat d’assistante s’est terminé en avril dernier et ce troisième voyage mexicain fut tout aussi enrichissant que les deux premiers. J’ai vécu au Chiapas, une région très éloignée et très différente de Jalisco, l’état où j’avais toujours habité jusqu’à présent. Au Chiapas, tout était à la fois familier et nouveau. J’ai eu la chance d’être envoyée dans une ville où la qualité de vie me sembla encore meilleure qu’à Guadalajara. San Cristóbal de las Casas est plus un village qu’une ville, perché dans la montagne (à environ 2120 mètres d’altitude), ce qui n’était pas pour déplaire à la Parisienne peu habituée aux fortes chaleurs que je suis.

À gauche : Danses traditionnelles aztèques à Tonalá, Jalisco, juillet 2014.  À droite : Peinture murale à l’extérieure du musée du Templo Mayor à Mexico, janvier 2013.

À gauche : Danses traditionnelles aztèques à Tonalá, Jalisco, juillet 2014. - À droite : Peinture murale à l’extérieure du musée du Templo Mayor à Mexico, janvier 2013.

Quant à l’expérience d’assistante de français, je n’en fus pas déçue. Je travaillais quelques heures par semaine dans une petite université où professeur(e)s comme élèves étaient très bienveillant(e)s à mon égard, et où les conditions de travail étaient excellentes. Toutefois, je me suis confrontée à quelques difficultés, pour la plupart dûes au fait que l’éducation supérieure à la Française est bien différente de l’enseignement universitaire à la Mexicaine (en termes d’exigence et d’attitude en cours notamment). Mais pouvais-je m’en plaindre ? Après tout, j’avais décidé de retourner au Mexique parce que je voulais continuer à apprendre de ces différences auxquelles j’avais adoré me confronter. Pour la première fois, je n’étais pas au Mexique comme étudiante mais comme enseignante, et cela impliquait forcément des changements et des surprises. Néanmoins, le bilan final est très positif. Travailler comme assistante de langue implique de s’adapter à un système éducatif différent, à des habitudes et des manières de faire différentes de celles que j’ai toujours connues, et cette adaptation peut difficilement se faire en sept mois.

Par chance, j’ai obtenu un renouvellement de mon contrat et suis de nouveau assistante de français depuis le début du mois d’octobre. À quelques 1000 km du Chiapas, je me trouve maintenant dans la petite ville de San Juan del Río dans l’état de Querétaro, au nord de Mexico. Je découvre de nouveaux paysages, de nouvelles saveurs, rencontre de nouvelles personnes, et me sens désormais plus à l’aise dans le rôle d’assistante. Dans cinq mois déjà mon contrat prendra fin, et il me faudra trouver un nouveau prétexte pour rester ici.

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