Emile Turbet Delof : Mariana, quelles sont tes racines, où as-tu grandi et quelles ont été tes premières influences musicales ?

Mariana Yegros : Mes parents sont de Misiones, une province du nord-ouest de l’Argentine. Ils ont aussi vécu à Buenos Aires, dans la ville de Morón, ou je suis née et ai grandi, dans un quartier de travailleurs venant du pays entier à « la recherche d’une vie meilleure ». Mes premières influences musicales viennent de ma famille et de mon quartier, ou l’on écoutait beaucoup de cumbia et de chamamé.

E.T.D. Comment était ta vie avant que l’on te connaisse en France ? Tu jouais avec un autre groupe, d’autres styles musicaux ?

M.Y. Ma vie était tranquille… (Rires). Je composais mes propres chansons, je chantais en tant qu’invitée pour des musiciens que j’aime et admire dans mon pays, l’Argentine. Je me suis consacrée quatre ans à enregistrer mon disque Viene de Mi avec mon producteur King Coya et le compositeur Daniel Martin. Au même moment, j’ai monté un groupe avec l’aide d’un grand bassiste, Beno Guelbert, et en novembre 2012 l’album est sorti en Argentine, puis en mai 2013 nous sommes arrivés en France. C’est ici qu’a commencé notre romance passionnée, d’abord avec Paris puis avec chaque ville que l’on a visitée.

E.T.D. Dans quel contexte es-tu venue pour la première fois en France ?

M.Y. Notre premier concert en France était à Paris, au Bataclan. Ce fut tout simplement bouleversant. J’ai senti qu’ils nous attendaient vraiment. La démonstration d’affection du public était vraiment émouvante, et je me souviens avoir fini le concert en pleurant d’émotion sur scène. J’ai senti naître un magnétisme inexplicable.

E.T.D. Quel est ton premier souvenir de France ? Quelles ont été tes premières impressions?

M.Y. Un de mes premiers souvenirs est d’attendre de monter sur scène pour notre premier concert en France, au Bataclan, et d’entendre au loin le public qui criait frénétiquement : « Yegros, Yegros, Yegros !!! ». Être si loin de chez moi et écouter le nom de mon père, mes racines, fut très touchant.

E.T.D. Pourquoi as-tu décidé de rester vivre en France, et spécialement à Montpellier ?

M.Y. Ça s’est fait de manière naturelle, parce que dès le début j’ai senti que quelque chose de fort était en train de se passer entre ma musique et le public français. Au début, j’ai facilement pu faire les allers-retours entre mon pays et la France pendant les tournées, et peu à peu je me suis installée. Rapidement l’ambassade de France m’a donné la résidence pour « Compétences et Talents », en reconnaissance de mon apport culturel argentin en France. Et après avoir vécu un an à Paris, je me suis installée à Montpellier, à la recherche de plus de soleil, de montagne et de tranquillité.

"J’aimerais travailler avec beaucoup de gens que j’admire, comme Petrona Martínez, Lila Downs, Björk, Concha Buika, Rita Indiana. Des femmes puissantes qui génèrent en moi une grande attraction et m’inspirent beaucoup."

E.T.D. En tant qu’une des rares représentantes de la musique argentine en France, tu veux montrer des choses particulières au public français ?

M. Y. Je veux avant tout qu’ils connaissent notre culture, notre musique, ce qui nous identifie nous, les Argentins et Latino-Américains. À chaque concert, mes musiciens et moi délivrons la passion qui naît en nous pour se transformer en joie. Je veux transmettre cette joie à tout le monde, puisque c’est quelque chose qui est en train de se perdre aujourd’hui. Prendre le temps de profiter, se connecter avec soi-même et danser, sentir la peau qui nous couvre, et fêter la vie.

E.T.D. Quels sont les ingrédients du cocktail explosif La Yegros ?

M.Y. Travail, passion, inspiration, persévérance, et encore du travail avec une équipe qui m’accompagne dans cette aventure d’artiste.

E.T.D. Comment a réagi le public cet été à ton deuxième album, Magnetismo, après son grand enthousiasme pour Viene de Mi ?

M.Y. Il a réagi merveilleusement bien ! Je suis très contente et reconnaissante envers tous ceux qui ont participé à cet album. Le public nous a fait une grande surprise, et nous avons vécu des moments très émouvants toute l’année.

E.T.D. Après avoir collaboré avec Gustavo Santaolalla, avec qui souhaiterais-tu travailler ?

M.Y. J’aimerais travailler avec beaucoup de gens que j’admire, comme Petrona Martínez, Lila Downs, Björk, Concha Buika, Rita Indiana. Des femmes puissantes qui génèrent en moi une grande attraction et m’inspirent beaucoup.

E.T.D. Tu retournes en Argentine l’année prochaine : qu’est-ce que cela t’inspire de revenir dans ton pays d’origine ?

M.Y. Je suis immensément heureuse. Je retourne dans mon pays, et au Chili et en Uruguay pour présenter Magnetismo, mon second album qui sera édité par SMusic. L’album que nous avons présenté toute l’année dans le monde entier verra enfin le jour en mars 2017 là-bas. Petit à petit, j’arrive. Patience est mon deuxième prénom… (Rires)

E.T.D. Tu vas jouer au grand festival Lolapalooza de Buenos Aires. Dans quelles autres villes d’Amérique latine vas-tu ou souhaites-tu aller ?

M.Y. Lolapalooza est un festival très important, et nous sommes très heureux d’y participer. Il y aura bientôt des nouvelles des prochains concerts en Amérique latine sur notre site internet et les réseaux sociaux.

Les premiers pas en France de La Yegros ont été documentés par son premier label, ZZK Records, dans le documentaire Un Voyage Musical. Le label pionnier des nouvelles musiques latino-américaines, fondé en 2008 à Buenos Aires par Diego Bulacio, Grant C. Dull et Guillermo Canale (respectivement Villa Diamante, El G et DJ Nim), a d’ailleurs lancé récemment une campagne de crowdfunding, afin de poursuivre son activité et produire de nouveaux documentaires. Après sa tournée latino-américaine en début d’année prochaine, La Yegros sera de retour sur les scènes françaises.

Plus d'infos

www.layegros.com

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