C’était la semaine de Pâques de l’année 2016. Avec mon grand frère, nous avions prévu de nous retrouver à l’aéroport de Calafate. Nous partions à l’aventure ! À cette époque là, je vivais à Santiago du Chili ou comme j’aime l’appeler, Santiago Loco ! J’y étudiais le cinéma et je photographiais des poètes, mais cela c’est une autre histoire. Je venais d’avoir 22 ans et ce voyage en terre sacrée que m’offrait mon frère était le plus beau des cadeaux que l’on puisse recevoir.

J’avais pour seul bagage un sac à dos noir avec à l’intérieur des habits noirs. J’ai horreur de tous ces touristes qui arborent des vestes fluo et gâchent les paysages. Face à l’immensité de ces contrées lointaines, c’est un crime de vouloir en voler la vedette #noselfie.

C’est à bord d’une voiture blanche de location des plus basiques que nous avons parcouru pendant cinq jours le sud de l’Argentine. Là-bas, tout est d’une pureté incroyable. Ces grands espaces vierges témoignent de ce que le monde peut être, loin de toute intervention humaine.

De Calafate à El Chalten en passant par le fameux glacier du Perito Moreno, je n’avais jamais vu des paysages aussi impressionnants. Je me sentais libre, libre de pouvoir respirer !

Quelques mois après ce voyage, par hasard, dans un vieux livre pour ados du style « l’album des jeunes », j’ai lu l’histoire d’un personnage historique assez étrange, qui, il y a presque deux siècles, s’est autoproclamé roi des Patagons et des Araucaniens. À ce moment là, j’ai senti comme un frisson me parcourir. Je voulais lier son épopée à mes photographies, raconter son histoire, pour ne pas qu’elle tombe dans l’oubli.

À la mémoire d’Antoine de Tounens

Sur ses traces me vint ce souvenir, celui d’un homme dévoué et plein d’espoir. Non, il n’était pas fou, il nourrissait un projet : celui d’être roi. Passionné de géographie, c’est dans les cartes qu’il trouve son bout de paradis. Au sud de l’Amérique du sud, la Patagonie.

En ces temps là, ces contrées lointaines échappent à toute autorité. Il pressentait alors chez ces tribus héroïques des sujets à sa mesure. Un drapeau vert, bleu et blanc, de la monnaie frappée, une constitution en main et quelques bouteilles de bon vin. Voilà les armes de ce conquistador lunaire, sa majesté, Orélie-Antoine de Tounens.

La réunification des tribus était son seul dessein. Il répondait à la légende de l’homme blanc, promettant la paix et la victoire, le respect des droits de l’homme. Ses ambitions furent couronnées du plus grand des succès. Du moins pour un temps, sa seule erreur fut de croire que les autorités le laisseraient agir de la sorte. Trahi par son guide, jugé fou, il fut enfermé, puis renvoyé en France.

« Si tu le veux, voilà ton royaume ! »

Les paroles du grand chef hantaient l’esprit du seigneur.

Cet ouroboros voguant vers son Icarie,
Par trois fois tenta de regagner son trône.
Il fut hélas emporté par la maladie,
Deux siècles plus tard sa légende résonne.

D’une inspiration profonde, j’imagine bien son ressenti voyant cette partie du monde, que l’on nomme Patagonie.

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