De la fac de droit au militantisme

Avant d’incarner la voix des féministes dans la sphère musicale, Sara décide de rejoindre la capitale “porteña” afin d’étudier le droit. Cette jeune rebelle rêvait de devenir avocate et se voyait déjà lutter contre ce sentiment d’injustice sociale dans un pays où la femme n’a pas toujours eu son mot à dire. Peu assidue en cours, un nouvel univers l’attirera sur les “flows”: le rap.

Extravertie dans la vie de tous les jours et dès son plus jeune âge, elle se laissera bercer par la danse et le théâtre, et commencera son apprentissage dans les bars citadins pour financer ses nouvelles études dans le monde du spectacle. “Aficionada” du groupe de “Rap-Fusión” argentin aux influences latino-américaines et jamaïcaines, Actitud Maria Marta, Sara découvrira le beat de la scène rap par le biais de son petit ami de l’époque. « Le rap finalement est un bon mix de ce qui m’intéressait dans le droit, le théâtre, et le show. », a dit Sara lors d’une interview.

La naissance de “la hija del loco”

La hija del loco, titre de son premier album sorti en 2009, est la consécration de la naissance artistique de Sara. Une véritable reconnaissance du cercle familial qui l’a toujours aidé dans sa réussite. Un album déjà culte en Argentine en l’honneur de son père surnommé “El loco” en rapport à ses excentricités, malheureusement parti trop tôt. Ainsi se suivront les albums Puentera en 2012 mélangeant musique électronique, rap et funk carioca, Colectivo vacío en 2015 et son dernier album Politicalpari, sa nouvelle boîte de Pandore.

Issue d’une famille de la classe moyenne, l’artiste adore flâner dans les rues de Buenos Aires des quartiers populaires pour s’inspirer de l’âme de la ville et des revendications des citoyens. Petit à petit, elle a réussi à se faire une place dans un monde inspiré par la masculinité et la misogynie. Elle se revendique clairement comme la porte-parole de la jeunesse anticapitaliste, antifasciste et féministe et est adulée par la gent féminine lors de tous ses concerts, une jeunesse souhaitant un véritable changement politique en Argentine.

Symbole du soutien au mouvement « Aborto legal en cualquier lugar », traduit par « l’Avortement légal et partout », avec un foulard vert pour emblème, l’artiste se veut comme la pure représentation du renouveau et danse avec “les mots” pour faire évoluer les mentalités.

Depuis plus de 10 ans, Sara Hebe n’épargne personne et s’attaque à tous les maux de la société argentine, souvent jugée comme archaïque, au moyen de son talent d’oratrice et de ses textes d’une haute intensité, le tout cadencé par des variations musicales polyvalentes : du punk-rock au ragga dance hall, de la musique électronique au rap conscient même si elle préfère le terme de “poésie politique”, de la cumbia villera au carioca funk, chaque titre nous transporte vers un nouveau “cosmos” de pure créativité.

Une artiste indépendante aux vibrations musicales colorées

La messagère ténébreuse a su se démarquer par son charisme mais aussi par sa métamorphose musicale au fil du temps: du baggy au maillot vintage trop large, du pull à capuche à la casquette bandana, Sara s’est assagie et embellie pour dégager une image plus féminine et colorée en marge de ses écrits engagés.

Pour sa nouvelle tournée européenne, elle sera accompagnée sur scène par le bassiste et beatmaker, Ramiro Jota et par le batteur-percussionniste Edu Morote. La voix de Sara Hebe vous fera vibrer jusqu’au bout de la nuit. Sur scène, cette artiste indépendante de son art nous emporte dans un rythme effréné, lyrique et festif, une énergie incroyable véhiculée par ses yeux de braise et son timbre dur, des pas de danse imagés par des textes forts, émouvants et imprégnés de la musique populaire de rue. Un voyage inspirant qui vous fera réfléchir sur la société qui nous entoure.

Newsletter

Inscrivez-vous pour recevoir les derniers articles


Top