La première fois que je pose le pied sur l’île, je comprends que ce voyage est unique et qu’il me marquera à vie.

Une vue à couper le souffle, les cris de pélicans et géospizes, l’éclat des vagues s’écrasant sur les rochers et cet air marin qui enivre dès les premiers instants.

J’ai alors 27 ans, je travaille depuis 4 ans dans une ONG au Chili et je ressens depuis un moment le besoin de renouveau.

Je ne devais y rester qu’une semaine de vacances mais je repars avec la certitude d’y retourner très vite. Poussée par le désir de couper court à un rythme frénétique, de me reconnecter avec la nature et de me recentrer sur moi-même, quatre mois plus tard, je suis de retour et, cette fois-ci, pour réaliser un volontariat de 3 mois au sein de la Direction du Parc National Galápagos.

C’est parti pour l’aventure dans cet archipel, composé de 19 îles d’origine volcanique, situé dans l’océan Pacifique, à quelque 1380 km de la capitale équatorienne Quito ! Seules quatre îles sont habitées et je pose mes marques dans la principale, Santa Cruz.

Déclaré Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO en 1976, ce territoire est littéralement un paradis naturel. À la confluence de 3 courants maritimes (Humboldt, Cromwell, Panama), sa situation géographique est unique au monde et lui confère l’un des écosystèmes marins les plus riches au monde (requins, dauphins, baleines, tortues, iguanes, loups marins, pélicans, fous à pieds bleus, etc). Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si c’est ce territoire qui a inspiré la théorie de l’évolution par sélection naturelle à Charles Darwin à la suite de sa visite en 1835.

Les premiers jours à Galapagos

Immergée au cœur de cette nature luxuriante, je découvre les diverses espèces endémiques du territoire, j’apprivoise leur univers et mesure la puissance de ces rois du royaume animal.

Le quotidien est chaque jour différent mais tout aussi éblouissant. Un jour à nourrir les tortues terrestres vieilles de 150 ans, un autre à plonger pour marquer les raies manta ou encore à animer des ateliers d’éducation environnemental. L’émerveillement est total.

L’institution qui dirige l’ensemble du territoire est la Direction du Parc National Galápagos (DPNG), une grande structure sous l’égide du Ministère de l’Environnement du gouvernement équatorien. Des départements spécialisés collaborent au quotidien pour assurer la gestion et la coordination du lieu (écosystèmes marins et terrestres, recherche, communication, gestion et ingénierie environnementale, etc.).

De mon côté et au vu de mon parcours (études en sciences politiques et carrière dans la coopération internationale), je choisis de m’investir dans celui de la planification institutionnelle. Mon rôle est notamment d’articuler les actions de la DPNG avec les autres ONGs présentes sur le territoire. En effet, dans un domaine protégé comme celui-ci, l’action est à l’intérêt commun, pour protéger la réserve et les espèces dont certaines sont en danger d’extinction.

À cette occasion, je rencontre des experts de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), mandatés par l’UNESCO, en visite pour établir un rapport sur l’état de conservation du bien, le site naturel ayant été classé en péril lors du dernier contrôle en 2010.

Les menaces pour la biodiversité sont nombreuses : y figurent le réchauffement climatique mais surtout la disparition de certaines espèces et les effets d’un tourisme non contrôlé depuis plus d’une décennie.

Les risques et les défis

Lors de mon séjour, un scandale éclate lorsqu’un navire chinois est intercepté. Il transportait plus de 6000 requins pêchés illégalement dans les eaux de l’archipel. Tous les habitants de l’île se sont alors unis et sont descendus dans la rue pour dénoncer cet acte et défendre la richesse de leur territoire. La DPNG a déployé des moyens légaux et juridiques et est parvenue à faire condamner, à quatre ans de prison, les marins à l’origine de cette barbarie. Malheureusement, loin d’être un cas isolé, des infractions de cette envergure ont lieu régulièrement et ébranlent l’écosystème marin.

Autre défi d’actualité : la poussée croissante du tourisme depuis 2004. L’arrivée de quelque 200 000 touristes chaque année met en danger les nombreuses espèces protégées et risque d’altérer, voire, à terme, de détruire l’écosystème actuel.

Malgré l’adoption en 2011 d’une stratégie d’écotourisme qui cherche à réguler cet important flux, le changement est lent, la bureaucratie n’aidant pas les choses. Récemment, le parti pris du côté du gouvernement a été de limiter les entrées sur le territoire, en augmentant le prix de la taxe, afin de contenir les conséquences engendrées par le passage de l’homme. Réguler l’affluence pour mieux protéger le patrimoine ?

Les îles Galápagos représentent beaucoup plus qu’une merveilleuse destination touristique. Y vivre, c’est apprendre à respecter la nature, comprendre que nous ne sommes rien face à la force de la mer et de la « Pachamama ». J’en ai fait l’expérience un soir en pleine nuit, réveillée par la sirène des pompiers. Un tremblement de terre de force 8,2 sur l’échelle de Richter secoue le Mexique et déclenche l’alerte tsunami dans les îles Galápagos. Perdus sur des terres volcaniques au milieu de l’océan, nous n’avons pas d’autres options que de nous réfugier sur les hauteurs, quelques vivres et couvertures à la main, en attendant que le risque s’estompe…plus de peur que de mal !

Mais évoluer sur place c’est surtout adopter un autre style de vie, au rythme du soleil et à la cadence des iguanes, où l’on prend le temps. Ici tout se fait dans le respect des uns et des autres, des animaux, de la nature et de l’environnement général, pour sa protection et une bonne conservation. Ce « bon vivre » insulaire confère une qualité de vie inégalable et consolide un modèle intégral de développement durable enviable sous bien des aspects.

Plus qu’une opportunité professionnelle, ce volontariat fut une expérience de vie belle et enrichissante.

À recommander sans modération !

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